Oh, il y a une nouvelle. [ Juliette et Luna ♥]

Je suis arrivée plus tôt aujourd'hui. Parce que je me suis réveillée à cinq heures, la raison est inconnue mais ça arrive souvent de toute façon. En plus, l'avantage c'est que du coup, j'ai pas à faire face à maman. Alors c'est bien. Du coup, je me suis promenée un peu et j'ai fini par me résoudre à aller à l'école avec une demie-heure d'avance. Une fois là-bas, je me suis posée devant ma salle de classe et j'ai lue.
Pendant ce temps j'ai eu le temps d'écouter ce que se racontaient deux idiotes qui, malheureusement, étaient également arrivées en avance. Elles parlèrent de beaucoup de choses mais ce que j'enregistrai principalement, fut qu'aujourd'hui une nouvelle arriverait. Oh non. Encore une pimbêche superficielle. Non, que je pense être différente. Parce que je l'étais, une pimbêche superficielle, c'est juste qu'avec sa mort j'ai changé. Je préférerais largement être une pimbêche superficielle en fait. Bref, une nouvelle arrivait. Après avoir enregistré cette information, je sortis un livre et me mis à lire jusqu'à ce que la cloche sonne et que le professeur arrive.
J'entrai et je me choisi une place reculée afin de ne pas être remarquée. Le professeur commença tout d'abord à parler de devoirs à rendre puis on entendit un toquement à la porte. La nouvelle surement. Le professeur semblait penser de même parce qu'il n'avait pas l'air agacé et stressé du tout par rapport à d'habitude. D'habitude, il déteste être dérangé.
Alors il dit de voix forte et affirmée:
-Entrez. »
Je vis la porte commencer à s'ouvrir. Comment allait être la nouvelle? D'habitude j'essaye de m'intéresser le moins possible aux autres. Mais cette fois, je ne connaissais pas cette fille. Alors, peut être serait-elle quelqu'un d'intelligent avec qui je pourrais nouer de lien. Ahh, cette expression me donne mal à la tête. Cela fait vraiment longtemps que j'ai pensé à parler à quelqu'un.

Lorsque je m'étais réveillée ce matin, la maison était silencieuse. Ça n'avait rien d'étonnant, maman partait travailler très tôt depuis que nous avions déménager et Anaïs, ma petite sœur, dormait encore puisqu'elle avait obtenu un jour de sursis avant son entrée à l'école - sa future classe était partie en excursion pour la journée.
Ce fut donc sans croiser personne que je m'étais douchée, coiffée et habillée, avant de revenir dans ma chambre pour récupérer mon sac de cours. Maki avait profité de ma désertion du lit pour s'installer sur mon oreiller, l'un de ses endroits favoris. M'approchant doucement, je me mis à le caresser, déclenchant l'agréable bruit de son ronronnement.
Maki était mon chat.
Un chat, assez jeune, que j'avais trouvé dans la rue l'année dernière. Il était gris, avec quelques traces de blancs. Il était adorable.
Ma mère n'avait jamais voulu d'animaux à la maison, malgré toutes nos demandes. Mais Maki, c'était différent parce qu'elle ne pouvait pas le voir. Personne d'autre que moi ne pouvait le pouvoir.
Il s'était fait fauché par une voiture, et avait terminé sa vie à l'agonie sur le bord de la route. J'avais rencontré le Maki fantôme avant d'apercevoir son cadavre difforme. Il avait eu le temps de se frotter contre ma jambe en ronronnant avant que je ne sache. Je l'avais caressé, et lui avait parlé avant de comprendre ce qu'il était.
Avant Maki, je n'avais jamais osé m'approcher de l'un d'eux. Je ne leur avais jamais parlé, je n'étais jamais entrée en contact avec eux. Ils me fascinaient, mais j'avais peur. Peur de ce que je ne connaissais pas.
Mais ce jour là, en voyant ce jeune chat seul, perdu, adorable, je l'avais emmenée avec moi. Et aujourd'hui, il était mon seul et unique confident.
— Tu as bien de la chance de pouvoir rester toute la maison à dormir, lui avais-je soufflé avant de quitter ma chambre.
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Et maintenant, j'étais là, dans cette école inconnue, à écouter cet homme qui me faisait un rapide topo des règles et du fonctionnement de l'école tout en le suivant à travers les couloirs jusqu'à ce qui allait être ma classe.
En le voyant s'arrêter devant une porte et y toquer, je sentis mon estomac se contracter d'appréhension, même si je n'étais pas certaine de savoir ce que je craignais exactement. On lui réponds d'entrer et il ouvrit la porte, me faisant signe d'entrer. L'estomac noué, je pénétrais dans la salle de classe, bien consciente d'être le centre de l'attention. Je gardais mes yeux fixés au sol alors que les chuchotements curieux parvenaient jusqu'à mes oreilles.
— Hé bien, tu dois être Juliette! lança le professeur, me forçant à lever la tête pour confirmer ce que je venais de dire.
C'était un homme, il était grand et chauve et me souriait d'un air qui devait être rassurant.
— Nous t'attendions. Tu peux choisir une place et aller t'installer, je suis sûre que l'un de tes nouveaux camarades sera ravi de t'aider à te mettre à jour dans le cours.
Acquiesçant en silence, je parcourus la classe du regard. En apparence, c'était une classe normale, avec le groupe de perturbateurs au dernier rang, les plus assidus au premier et les pestes qui adoraient colporter des ragots dans un coin, qui me fixaient déjà avec un sourire en coin que je n'appréciais pas.
Habituellement, je choisissais toujours de m'asseoir à l'extrémité de la deuxième rangée, pour me permettre de suivre le cours tout en étant légèrement à l'écart, près de la fenêtre. Mais lorsque mon regard se posa sur la place tant convoité, je constatais avec dépit qu'elle était déjà prise, par une fille qui m'observait avec une drôle d'expression.
Je constatais rapidement que si elle était assise à "ma" place, ce n'étais pas sans raison : elle-même se trouvait déjà à l'écart du reste de la classe, comme isolée des autres élèves. Je compris aussitôt que c'était près d'elle que j'avais le plus de chance qu'on me fiche la paix et qu'on me classe le plus rapidement possible dans les cas asociaux. Alors, sans un mot, j'allais m'installer à la place qui se trouvait juste devant elle, lui offrant un sourire poli au passage.

Le principal entre. Se pourrait-il que finalement je me sois trompée? Que ce n'est pas la nouvelle? Ah, si. La voilà. Tiens, elle n'a vraiment pas l'air d'une de ces pimbêches. Enfin, ne nous faisons pas trop d'espoir. Je sais qu'il est probable qu'elle aille s'asseoir aux côtés de pimbêche n°1 et n°2. Très probable même. Le professeur la nomme Juliette. Il lui parle et lui propose de s'asseoir. Je vois son regard parcourir la classe. Je sens son regard s'arrêter sur moi et je retiens mon souffle. D'habitude les gens ne m'aperçoivent pas. Je fixe mon regard sur mon cahier avec appréhension et ne lève mon regard, seulement, quand j'entends la chaise devant moi grincer contre le sol. Elle s'assoit juste devant moi. Elle me sourit. Dans d'autres circonstances je me serais enfuie. J'essaye de faire un sourire forcé. Je veux lui souhaiter la bienvenue. C'est bien ce qu'il faut faire dans ce genre de situations, non? Alors j'arrache un petit bout de papier de mon agenda, pauvre agenda, et j'écris dessus de manière appliquée:
« Bienvenue. »  Je ne sais pas vraiment que écrire d'autre alors je coince le bout de papier, une fois que je l'ai plié, dans un stylo et lance légèrement le stylo sur la table. Ha. J'ai peut être plus eu d'entrainement mais j'ai bien su viser son cahier et non la table. Parce que ça aurait fait du bruit sinon. Alors maintenant, je me concentre sur ce que dit le professeur et je note attentivement. Ce n'est pas parce que j'ai souhaité la bienvenue à la nouvelle qu'il faut que je me laisse totalement déconcentrer. D'ailleurs c'était débile. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Vraiment pas. Je note et j'essaye de ne pas penser à ma voisine de devant qui a surement déjà lu mon mot stupide et trop court et froid et inadéquat. Haa. Je suis vraiment, vraiment, vraiment fatiguée.